3e Roadtrip : Triangle de France

Gorges de l'Ardèche

Compteur : 18717 km - 20932 km 
Route : 52h50 / 2215 km (sur 6 jours de route)
Plein: 175,36€ / 85,1 L

 
Rouen - Orléans - Maussac - Montpellier - Lyon - Orléans - Rouen (Source : IGN)
(Le petit trou à droite est resté à l'entrée d'un rond-point près de Moulin à cause de la pluie)


Le courage, c'est de dépasser ses peurs.


Avant même de partir, j'ai fais des crises d'angoisses. Des cauchemars. Les gens ne voient que la performance, mais ne vivent pas la douleur physique que provoquent les remous des mauvais rêves et de l'étouffement de la terreur.



Pourtant, au repos de ma maison, j'aime bien les émissions : Faut pas rêver (c'est ma préférée), Jardins d'ici et d'ailleurs, Des Racines et des Ailes, Echappées Belles, Fourchettes et Sac à Dos, Thalassa, Ushuaïa, Invitation au Voyage, les films policiers de France 2 et 3 qui montrent toujours les paysages et le patrimoine de la France,...

Les paysages sont calmes, ensoleillés, et donnent envie d'être découverts. Seulement, même si cela a été vrai l'an dernier, cette fois-ci, c'était de la théorie. Le réel était beaucoup plus humide, glacé, et venteux.

Pour résumer, ce roadtrip était dur. De la pluie à la pluie battante, à la mousson, qui s'est transformé en orage et des éclairs de tous les côtés. Cette pluie battante qui s'est changé en neige dure, pas légère, glaçante. La moto n'allait à pas plus de 80 kmh en la poussant à cause de la prise au vent des sacoches. Les heures à rouler, sans manger parce que c'est le dimanche, ou férié, ou qu'on a pas le temps, même pour les photos, ou que le climat est tellement apocalyptique qu'une seconde de plus est un Enfer.

 Saint-Sauveur Camprieux




Il faut des tripes, des nerfs bien accrochés. De la hargne, de la volonté en fer forgé. Du courage, ouais du courage. Mais je ne suis qu'une humaine, et l'épuisement physique a laissé place à un épuisement nerveux. Le physique, je peux m'en arranger, les cauchemars, les pensées négatives, dévastatrices, moins. Ça m'a remué, chamboulé. Suis-je plus forte après, ou est-ce que je retombe dans les mêmes travers? Je chute et je me relève. La question est de savoir si je me laisse chuter encore une fois. Honnêtement, je n'ai pas envie de me le permettre. Je suis comme ça. Assez dure avec moi-même. Je ne me donne pas le droit à l'erreur. Sans doute qu'il faut que ça change, mais pour cela il faut que je prenne moins les choses à cœur. 

Je suis une battante, je me relèverais. Je l'ai toujours fait. Je suis courageuse, mais je ne veux pas l'admettre. C'est aussi ce que ce roadtrip m'a appris. Il va falloir que je l'accepte. 

Bref un temps apocalyptique comme si le dieu de la foudre dansait sur ma tête, couplé à une page personnelle qui se tourne dans la douleur, la tristesse, et surtout... le silence. Par peur de m'ennuyer, j'ai trop chargé les journée. Mais je ne voulais plus penser. Si je pensais, je voulais mourir. Pour ne pas que mon cœur se déchire. Et j'essayais avec force et courage de l'éteindre, de le faire taire ce cœur. 

Et d'épuisement j'ai chuté, regardant au ralentis ma moto ramper vers moi. J'étais plus inquiète pour la moto que pour moi. Et tout l'apprentissage des routes de montagnes réduit à néant avec la chute. J'ai repris peu à peu confiance, mais la pluie de la journée a limité cela.

L'épuisement physique associé au mental, c'était l'enfer, seuls les paysages on marqué leur empreinte d'une façon aussi intense. Les écorchures de la Terre en gorges, saignant noir dans la fourrure verte, dont les affleurements blancs brillent dans la tempête. Les routes à pics qui descendent, ou qui montent aux cieux comme si au delà du virage, il n'y avait plus de voie. Les dunes vertes électrocutés par les forces orageuses. L'eau qui devient blanche, dure, tangible, le froid saisissant qui couvre les pieds des arbres d'un manteau blanc qui tient. Merde, on est en mai, quoi! 

Puis redescendant, la mer bleu-vert, transparente, caressant les lames rocheuses en un feuillet de pouzzolane caramel et de basalte couleur mûre, aussi finement qu'une pâte feuilleté. Les vignes vert-blond en lignes droites, terminées en explosion rouge ou or des rosiers, entourées d'allées de peupliers aux troncs écaillés. Les ponts romains, les villages à rues étroites, aux fenêtres travaillées, sur les tranches des maisons, l'architecture ocre, douce, puis forte, de roche noire basaltique imprimant sa force.



 Cap d'Adge

Ce roadtrip était comme une vague, de plus en plus intense, frappé par la déferlante, puis la beauté de la vue, on chute, puis on se relève pour revenir au rivage. Un peu sonné je dois dire...


A suivre, jour par jour.

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